La Chine reconnaît l’existence de la torture et des détentions illégales dans son système judiciaire — Le Parquet suprême crée une section d’enquête en réponse

La plus haute autorité de poursuite judiciaire en Chine, le Parquet populaire suprême, a reconnu cette semaine, dans une déclaration officielle, l’existence de cas de torture et de détention illégale au sein du système judiciaire du pays, et s’est engagée à lutter contre ces abus.
Il s’agit d’une traduction en anglais d’un article publié exclusivement en chinois par RFI (Radio France Internationale), un média d’État français financé par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
Article original (en chinois) :
https://www.rfi.fr/cn/中国/20250626-中国成立最高检检察侦查厅-承认司法系统存在酷刑和非法拘禁
Publié le 26 juin 2025 à 17h04 (heure de Pékin, GMT+8)
Mis à jour le 26 juin 2025 à 21h37 (heure de Pékin, GMT+8)
Selon une annonce publiée le 24 juin sur le site officiel du Parquet populaire suprême chinois, une section d’enquête a été officiellement créée. Cette instance est chargée d’enquêter sur les crimes commis par des agents judiciaires ayant abusé de leur autorité — détentions illégales, tortures lors des interrogatoires, perquisitions abusives — autant d’actes qui violent les droits des citoyens et compromettent l’équité judiciaire. Elle est aussi compétente pour traiter les affaires pénales majeures impliquant des agents de l’État sous l’autorité du ministère de la Sécurité publique, et pour guider les parquets locaux sur ces dossiers.
L’annonce affirme que la création de cette structure « témoigne de l’importance accordée par le Comité central du Parti à la justice judiciaire, de sa volonté ferme de punir la corruption judiciaire, et du sens des responsabilités du Parquet suprême dans son rôle au service du Parti et de la construction de l’État de droit. Cela marque une nouvelle étape dans la professionnalisation des enquêtes judiciaires. »
Le Parquet populaire suprême est l’organe de direction du ministère public en Chine. Il est chargé de superviser le système judiciaire et condamne régulièrement les abus de pouvoir. Le président Xi Jinping s’est engagé à réduire la corruption et à accroître la transparence dans le système judiciaire.
Selon l’AFP, la création de cette section signifie que la Chine reconnaît l’existence de cas de torture et de détentions arbitraires dans son système judiciaire, et promet de combattre ces pratiques. Le rapport souligne que la justice chinoise est depuis longtemps critiquée pour son opacité, les disparitions forcées, la répression des dissidents et les tortures. La Chine a toujours nié les accusations formulées par l’ONU et les organisations de défense des droits humains, en particulier celles concernant les dissidents politiques et les minorités.
Malgré un contrôle médiatique strict, plusieurs cas récents de mauvais traitements sur des détenus ont suscité une vive émotion dans l’opinion publique.
En avril 2024, rapporte l’AFP, Xing Yanjun, cadre d’une entreprise de jeux mobiles à Pékin, se serait suicidé après plus de quatre mois de détention en Mongolie intérieure. Il était placé sous un régime de surveillance résidentielle qui permet aux autorités de détenir un suspect sans mise en accusation, sans accès à un avocat, et parfois sans aucun contact avec l’extérieur.
En juin 2025, plusieurs responsables ont été poursuivis pour avoir torturé à mort un suspect en 2022, à l’aide de décharges électriques et de tubes en plastique. En 2019, plusieurs policiers ont été condamnés à la prison pour avoir affamé un suspect, l’avoir privé de sommeil et de soins médicaux — l’homme étant ensuite tombé dans un état végétatif. La loi chinoise prévoit des peines pouvant aller jusqu’à trois ans de prison pour les aveux extorqués sous la torture, avec des sanctions aggravées en cas de blessure ou de décès.
Selon le service français de RFI, ces quelques affaires publiquement révélées ne représentent que la partie émergée de l’iceberg d’un système judiciaire extrêmement opaque. Les Nations unies ont plusieurs fois condamné la torture, en particulier contre les opposants politiques et les minorités comme les Tibétains et les Ouïghours.
Pékin continue de nier ces accusations. Dans les centres de détention chinois, les matraques électriques, la privation de sommeil et le « banc du tigre » — une chaise métallique où les bras et les jambes des prisonniers sont attachés dans des positions douloureuses — sont couramment utilisés pour interroger ou punir. Les avocats qui osent dénoncer ces pratiques — pourtant interdites par la loi — sont souvent arrêtés et torturés à leur tour.
Par ailleurs, la Chine reste l’un des principaux exportateurs mondiaux d’équipements de torture, alimentant la répression dans d’autres pays.
Pour mieux comprendre la chronologie des événements liés à cette affaire, je vous invite à consulter une frise chronologique détaillée à l’adresse suivante :
https://fr.ECTHRwatch.org/chronologie/
Cette frise chronologique offre un aperçu complet des principales étapes et évolutions du dossier.